Chouette dit le hibou au plumage rayonnant. C’est inné chez moi de vivre en liberté. Mais quel supplice que de devoir torturer ce pauvre asticot. Ma relation intime avec lui est presque naïve et ressemble à une étreinte, pourtant c’est sans pitié qu’il fini dans mon étroit gosier. Christine
Chouette, papa hibou est rayonnant. Pourtant ce n’est pas inné chez lui. Il est plutôt du genre grincheux. Mais aujourd’hui pas de supplice. Je ne serai pas à me torturer dans mon moi intime, toute naïve que je suis, pour trouver comment lui faire une étreinte qui ne soit pas à bras étroits. Christine
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Des oiseaux qui marchent sur les soleils ?… a-t-on déjà vu ça ? Je ne crois pas… Ils marchent plutôt sur la Terre. Et encore !… peu d’oiseaux marchent réellement. Ils sautillent plutôt, allant d’un point d’intérêt à un autre.
L’enfant qui les observe et les suit pas-à-pas … lui, marche et s’ébouit du spectacle de ces oiseaux qui sont comme des danseurs étoiles sur une scène sans limite et en plein air.
Lorsqu’ils prennent leur envol, ils lui permettent d’imaginer les pays qu’ils parcourent à tire d’ailes et de rêver à de lointains printemps… qui révèlent d’autres paysages, d’autres lumières et couleurs, des arbres aux feuillages qui lui paraitraient étonnants, avec des formes qui lui seraient inhabituelles.
Céline
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Marcher, encore marcher.Moi qui depuis toujours ne voyage qu’en esprit, sautant de symboles en symboles, me voici dans une forêt , une vraie, bercée par le chant des oiseaux certes, mais aussi captive de fleurs ancestrales. C’est ce scandale qui a tout déclenché, m’obligeant à abandonner ma vie pour ce pèlerinage forcé. Mes protestations n’ont servi à rien d’autre qu’à attiser le feu. Ces histoires qui ne me semblaient qu’anecdotes dans ma vie de reine m’on rattrapée et projetée dans une aventure que je n’ai pas choisie. J’ai eu de la chance, j’aurais pu me fracasser contre la tôle de l’armure de celui par qui tout est arrivé. J’ai eu de la chance, me voici froissée plutôt qu’anéantie. J’aurais voulu que tout continue comme avant. J’aurais voulu … Marcher, encore marcher. 2cl
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Te voilà enfin, toi que j’attendais depuis si longtemps. Doucement je te flatte des yeux, je salive en te voyant, j’aime ton minois fondant, ta blancheur infinie. Ce n’est pas une impression cette fois, tu fonds devant moi et en moi, toi, le chocolat blanc.
Dominique
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J’ai sauté dans ma voiture pour passer chercher Christine et
je n’ai pas trop fait crisser les pneus… du coup, elle m’attendait.
Je n’ai plus su trouver le chemin quand les déviations nous ont sauté dessus…
je n’ai jamais eu le sens de l’orientation une fois engagée dans un labyrinthe.
J’ai eu parfois le temps de regarder les panneaux,
j’ai eu souvent besoin de me pencher sur les cartes mais
si j’avais eu un GPS que de petites routes je n’aurais pas empruntées… que de régals pour les yeux auraient été gâchés !
J’aurais encore en mémoire des itinéraires rectilignes(…pas forcément les plus intéressants).
Aurai-je enfin vu de charmants petits coins perdus ?
Céline
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J’ai beaucoup mangé de chocolat depuis le jour où je t’ai rencontré.
Je n’ai pas beaucoup dormi mais ce n’est pas de la faute du chocolat.
Je n’ai plus envie de me cacher entre les portes du placard pour camoufler mes envies de ce jeune et beau carré de chocolat qui a pris ta place à mes côtés.
Je n’ai jamais eu peur des kilos superflus et c’est à bouche grande ouverte que je délecte celui-ci.
J’ai eu parfois tendance à le bouder pour vouloir rester raisonnable mais j’ai très vite succombé à la tentation de le toucher, le sentir et le faire fondre sur ma langue.
J’ai eu souvent l’envie de tout plaquer pour lui mais à quoi bon, le chemin n’est pas fini.
Si j’avais eu plus de temps pour comprendre ce désir sous-jacent,
J’aurais encore et encore plus mangé de chocolat.
Aurai-je enfin ton soutien ?
Christine
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J’ai envie d’aimer
Je n’ai pas trouvé qui aimer
Je n’ai plus envie de chercher
je n’ai jamais eu l’impression que l’on m’aimait
J’ai eu parfois cependant le sentiment d’être seul
J’ai eu, souvent, le besoin d’aimer
Si j’avais eu du courage
J’aurais encore pu aimer
Aurais-je enfin la possibilité de me libérer ?
Dominique
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J’ai une perruque, blonde
Je n’ai pas beaucoup de cheveux et même pas du tout
Je n’ai plus d’espoir de repousse, encore que !
Je n’ai jamais eu de cheveux épais, comme mon père
J’ai eu parfois les cheveux longs, mais moches !
J’ai eu souvent les cheveux colorés, pas mieux !
Si j’avais eu les cheveux de ma mère… et pas son caractère,
J’aurais encore quelques poils sur le caillou, et pas gris.
Aurais-je enfin un espoir de repousse ?
Marie
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Je me souviens du souffle du vent sur mes oreilles,
Je me souviens de la caresse du soleil sur mes ailes,
Je me souviens de ma famille au regard attristé quand je suis parti,
Je me souviens de mes yeux larmoyants quand j’ai dit oui
Je me souviens de toutes ces choses que je n’ai pas dites,
Je me souviens de ce cheval au galop qui m’a fait oublié le fardeau de la vie,
Je me souviens
Je me souviens de tout cela mais je ne suis pas triste car je me souviens.
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Je me souviens des pépites de chocolat sur le gâteau,
Je me souviens comment j’ai rusé grand-mère pour lécher le plat,
Je me souviens encore comment c’était bon,
Merci grand-mère.
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Je me souviens du sable chaud et des pieds qui me brûlent,
Je me souviens de ce bain dont l’eau caressait ma peau,
Je me souviens de toi,
Je me souviens de moi,
Je me souviens de nous.
.
Je me souviens du rire de mon enfance,
Je me souviens du rire de mamie,
Je me souviens du voisin qui ne riait jamais,
Je me souviens d’avoir quitté le cours pour un fou rire,
Je me souviens du rire du sergent,
Je me souviens et ris toujours.
Christine
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Je me souviens de cet ovule rond et magnifique.
Je me souviens de ce spermato fléchant qui l’a rejoint.
Je me souviens que de leur union est né un très bon cheval de course.
Je me souviens du sourire de ma mère et de sa gentillesse.
Je me souviens de l’humour froid de ma grand-mère.
Je me souviens du jour où je t’ai rencontrée, quel jour magique !
Je me souviens qu’un jour le soleil a rendez-vous avec la lune.
Dominique
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Je me souviens d’une abeille qui se prenait pour une reine. Déchue, elle a finit dans une une bouteille.
Je me souviens d’un merle, trônant sur un portique. Il chassait un intrus qui sans cesse revenait. Tout à coup, lassé de ce petit jeu, il s’en détourna et laissa sa place, simplement.
Je me souviens d’une gomme, si timide qu’elle s’effaçait d’elle même. Un jour elle disparut.
Je me souviens d’un réveil, sans cesse endormi et de plus, fâché avec les mathématiques. Impossible de compter sur lui.
Je me souviens d’un stylo, rebelle à toute étreinte, il a fini au chômage.
Marie
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C’était autant de choses que je voulais oublier que de choses que je voulais revivre. Pourtant loin de moi l’envie de ne pas être. Je suis, donc je rabote ce qui ne me plaît pas et ainsi je retrouve l’image de la beauté, celle que je suis, ai toujours été et serai toujours. Merci la vie, merci pour cela, me transporter de joie et de bonheur, m’enivrer de vérité.Que je suis comblée. Pourtant parfois revient au moment propice l’insidieux tourment qui me gâche la journée. Alors, forte de mes petits bras, je le repousse hors de moi et dans un silence respectueux remercie cette force qui m’apporte le courage de l’affronter, l’effronté. Aujourd’hui c’est dimanche et tiens il n’est pas venu. Mon impatience est grande de le rencontrer de nouveau car j’ai trouvé tant de choses à lui dire pour qu’enfin il me fiche la paix. Je l’aime et ça il ne s’y attend pas. Son ambition n’est pas un amour naissant mais une destruction à petit feu. Il va devoir alors prouver ses dires. Pour moi, rien de mieux que l’amour et lui, si terrible, que va-t-il décider ? Abandonner. Ouhaaaa, trop fort, j’ai gagné. Mais attention, pas de vanité entre nous, cela serait gâcher le plaisir. Je suis. De tout mon être, et c’est fini.
Christine
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C’était au temps où j’aimais faire du vélo. Je partais de longues heures, loin, pour faire mes courses. C’était parfait pour raboter mes kilos en trop. Pour me transporter d’un point à un autre, je n’avais rien trouvé de mieux. La période était propice aux économies d’énergie et le silence était parfait. Parfois, j’étais impatiente d’arriver plus vite, mon ambition était même de battre des records, mais pour prouver quoi ? Tu es terrible me disait ma grand-mère, cette vanité qui t’habite, il serait grand temps de t’en débarasser. Aujourd’hui, je roule en auto et je ne me pose plus toutes ces questions.
Geneviève « Devoirs de vacances »
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C’était au temps où rien ne se passait comme on l’espérait. Un temps où il suffisait de regarder au loin pour y être, un temps où il suffisait de penser été pour qu’il fasse chaud, un temps où les rêves n’étaient pas rabotés par une vie étriquée. Ce temps a disparu, on se demande encore pourquoi, personne n’a compris ce qui s’était passé. Il faudrait savoir se transporter par cette magie qui alors sévissait, il faudrait savoir revenir en arrière, au moment propice, sans hésitation, sans tergiversation. Mais voilà que, trop tard, personne n’y arrive plus, nous avons perdu cette qualité de silence qui laissait agir le temps, qui lâchait la bride au temps et à ses dérivés, la naissance, la mort et tous ses bâtards. L’impatience, qui en est un des pires, jalonne notre vie jusqu’à la rendre impropre à la consommation, nous nous éjectons de nos propres vies par l’ambition saugrenue de mieux la vivre. Il nous faut prouver, prouver encore et encore, et le temps s’emmêle et noie notre capacité à vivre. C’est terrible de penser qu’il est un savoir que nous avons perdu, dans cette vanité du quotidien qui nous pousse à avoir plutôt qu’à être, un savoir venu non pas d’un passé lointain mais surgit d’un temps qui s’impose alors qu’il n’existe pas. Marie