Posts tagged Souvenirs

A vos plumes !

Culture en Tête à St Mathieu (87)

nous invite à participer à

« SOUVENIRS EN TÊTE »

*

Aujourd’hui je vous propose d’écrire un souvenir d’enfance

qui commence par :

« L’argent de poche… »

 

Dans le texte vous pouvez intégrer un de ces 3 mots ou les 3  :

3 francs,

tour de manège

mère 

*

Merci d’envoyer vos textes signés de votre prénom en précisant votre âge, la commune ou vous habitez et le département à :

plumesdelaisne@gmail.com

*

 

        Un petit mot de Culture en Tête : « L’association Culture en Tête à St Mathieu organise du 7 au 22 octobre 2017,  une exposition de gravures  « Jojo, petit Limousin », retraçant les souvenirs d’enfance d’un petit garçon né en 1950 à St Mathieu. Pour cette occasion, nous récoltons des écrits de souvenirs d’enfance.

Vous toutes, vous tous, de toutes les générations, de toutes les nationalités, écrivez un souvenir à partager, amusant ou triste, important ou anecdotique, souvenir ou portrait d’une personne ayant marqué votre enfance.

Pendant la quinzaine de l’exposition, nous exposerons la collection de souvenirs récoltés à la salle des fêtes de Saint Mathieu (ou à d’autres endroits à définir) et nous en lirons quelques-uns au cours d’animations spéciales. Les textes seront offerts aux visiteurs de l’exposition. » 

Leave a comment »

Les boutons à Limoges

Pour faire de la couture avec du fil et une aiguille, il faut avoir l’oeil, sinon gare à la piqûre et alors adieu joli bouton,  Car, si tu t’échappes dans le sable au milieu des algues ou dans l’eau de l’aquarium, comment te retrouver. A moins que dans un rayon de lumière tu ne lances un reflet irisé comme un appel  à l’oeil qui te cherche et à la main qui te poursuis. 

Emmanuel

*

Avoir du temps

Avoir du temps pour soi

Avoir du temps et le garder précieusement

Avoir du temps et le donner à qui en a besoin

Avoir du temps et le sentir se distiller comme une essence rare

Avoir du temps pour écrire

Avoir du temps pour écouter

Avoir du temps pour sentir

Avoir du temps pour rêver.

Annick

*

Mon ami, entends-tu ce crissement de pneus qui vient perturber cette joyeuse soirée de passage du printemps à l’été ? Regarde ces musiciens désappointés par ces sons qui ne s’accordent avec rien… ni leurs mélodies, ni le soleil rieur qui commence doucement à virer du jaune à l’orange en pensant à aller se coucher.

Céline

*

 

Il était grand, beaucoup trop grand,

Et elle était si petite.

Il était froid, tellement froid,

Et elle était si fragile.

Il résonnait comme un grand tambour vide,

Et elle frissonnait si fort.

Alors, dans ce salon si grand, si froid, si vide, elle avait trouvé son refuge. Là, sous l’escalier, protégée par la volée de marches en bois doré qui sentait bon la cire d’antan. Recroquevillée, en boule dans la loveuse, entourée de coussins et plaids moelleux, elle s’apaisait peu à peu et voguait vers des contrées plus douces et chaleureuses que n’était sa vie.

Isabelle

*

Ses yeux sortaient de ses orbites en fixant les fleurs qui brillaient comme du cristal d’une transparence inégalée. Ils ne voyait que des étoiles, des étoiles à l’infini, et, dans cet espace, un papillon voletait autour des fleurs en boutons. Tout doucement, au milieu de la prairie, une bille sur orbite retenue par un fil tournait en rond, la nostalgie imprégnait ce lieu. Les ronds laissèrent la place aux carrés et dans le miroir se reflétait le monstre aux yeux exorbités, auréolé d’une couleur dorée  presque antique, et tout cet univers s’évaporait, s’enfuyait pêle-mêle.

Jocelyne

*

Dans la vie, tu roules ta bille, tu es coiffé de ton calot, tu te crois officier, tu veux faire le tour de la terre parce que tu penses que tout est de nacre. Mais un jour finie la récréation, tu rencontres une « toupie » qui te montre que la vie c’est comme roulette, parfois on gagne mais on peut perdre aussi.

Dominique

 

*

Il roulait sa bosse, sautait de bruit en bruit, se ratatinait au moindre frôlement, en douceur, sans faire de vague. Il se savait sur une pente savonneuse, se fantasmait en fuseau sur une noire, la fleur aux dents, applaudi par des enfants apeurés sur leur luge dernier cri. Il prenait tout comme un jeu, entassant ses émotions pêle-mêle dans son cerveau devenu cabas. Il se prenait à toucher toutes les mains qu’il rencontrait, suscitant des rires bientôt suivis de pleurs, laissant les coeurs qu’il rencontrait dans une transparence enfin retrouvée. Mieux qu’une amulette, chacun le voulait mais lui s’envolait, toujours, tel un papillon.

Marie

*

Réveil

Au pied du bouleau un papillon

Frôle les perce neige.

Dans le ciel l’hirondelle

Pousse un cri perçant.

Annick

*

BOUTON N° 1

C’est un gros bouton, il se trouve sur un manteau qui ne sert que l’hiver ou quand il fait bien froid.

Un manteau sombre, d’une dame chic mais plus très jeune.

Elle vit à la campagne dans le manoir de ses ancêtres.

Emmanuel

BOUTON  N ° 2 :

Ce sont des boutons discrets, et d’habitude, on ne les remarque pas. D’ailleurs, on ne peut  pas les voir, car ces boutons de chemises sont habituellement cachés par la cravate de celui qui les porte : habitué des réunions officielles et des conseils d’administration, il ne saurait s’y présenter sans cravate. D’ailleurs, il en a toute une collection dont il est très fier. Hélas, l’habit ne fait pas le moine et les petits boutons souffrent dans l’ombre car il a pris du bedon et ça tire affreusement

Emmanuel

*

 

CHAMBRE, non ce n’est pas celle des députés, celle de ma maison est fréquentée la nuit, essentiellement, elle est synonyme de repos, de lecture .. Mais pourquoi inciter les parlementaires à dormir en appelant ce lieu chambre, mais ils y siègent souvent la nuit.

CHAMBRE, c’est aussi le terme péjoratif de se moquer.

Mais le jour se lève, allons explorer l’environnement immédiat. Tiens, la CUISINE, toute pimpante, pleine de couleurs, d’odeurs attirantes . Mais, regardons dans les tiroirs : des fourchettes, des couteaux, voudrait-elle me cuisiner ? Voudrait-elle nous enjôler, beaucoup de tentations !

Allons voir à côté, la SALLE A MANGER !  Mais à manger qui, quoi ? Je crois qu’elle est de mèche avec la cuisine.

La SALLE DE BAINS : que d’eau,que d’eau ! On revient au point de départ :  Dodo !

Jocelyne

*

Boutons et billes

Tous ronds et tous dorés,

rien n’est plus attendrissant

que les yeux boutons de bottines

des nounours d’antan.

Poupée de porcelaine au teint de nacre,

toute en anglaise et robe liberty.

Mais une vraie chipie !

Isabelle

*

Une joyeuse tablée d’amis fait entendre des rires sur toute la terrasse, en cette soirée musicale qui fête le jour le plus long, celui de la transition entre le printemps aux multiples fleurs jaunes et un été où tout sera d’un bel orange doré. Mais un automobiliste, désappointé par tant de gaieté et qui n’arrive pas à circuler, s’énerve sur ses pédales, fait ronfler son moteur et crisser ses pneus sur la route asséchée.

Céline

*

L’ESCALIER

Nom masculin, mot qui résulte de la déformation de la phrase « Est-ce qu’elle y est », en effet, au moyen-âge, les escaliers de châteaux servaient fréquemment de cachette et de lieux de rencontre secrète pour les amoureux. Ainsi la châtelaine y attendait-elle son amant qui demandait au portier « est-ce qu’elle y est », Aujourd’hui, l’escalier reste un terrain de jeu pour les enfants, car c’est un endroit qui garde une part des mystère, de danger et d’interdit. Ce n’ est peut-être pas une pièce de la maison, mais c’est un lieu qui garde une grande valeur symbolique. Par exemple, ne dit-on pas « le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier ?» (Georges  Clémenceau) ou encore  « la concierge est dans l’escalier », ce qui répond bien à la question : « est-ce qu’elle y est ? »

Emmanuel

*

Décidément, les anomalies de la reproduction me poursuivront toute la vie. Je choisis négligemment deux boutons et à ma grande stupéfaction, je découvre qu’ils sont trois, petit bouton est en train de naître, à la grande joie de sa maman mais beaucoup moins de celle de son papa, car petit bouton ne lui ressemble pas du tout. Je crois qu’il se pose la question soufflée par Emmanuel : « L’escalier, est-ce qu’elle y a été ? ».

Dominique

*

Elle était partie ce matin, le visage figé, comme tous les matins, figé sur son éternel sourire. Le printemps ayant été annoncé par les hirondelles, elle avait mis ce chemisier rose qu’elle mettait à chaque printemps. Elle en avait sept, tous les mêmes, elle les mettait toujours dans le même ordre, cintre numéro un le lundi, cintre numéro deux le mardi et ainsi jusqu’au dimanche. Comme à chaque printemps, elle avait aussi échangé son gros gilet en laine taupe pour enfiler à la place le cardigan de printemps aux gros boutons noirs, celui sur lequel il y avait, sur l’unique poche, un unique petit bouton rouge.

Marie

 

Leave a comment »

Terre !

Terminus, tout le monde descend

Les minus, les termites, les enfants.

Terminus, tout le monde foule

La terre battue par les pas des anciens combattants.

Terminus, tout le monde entend

Les bombardements, Verdun, les souterrains, l’évasion.

Terminus, tout le monde contemple

Une terre neuve, un jardin, un parterre de fleurs naissant.

Terminus, tout le monde attend

Que la guerre retourne à la terre, souvenir terrible en inhumation.

Terminus, tout le monde reprend

Un bol d’air de vie, un bol d’air de mer… Nos origines.

Christelle

Chauny

****

Dans ce souterrain qui traversait le jardin de pommes de terre, le terre-neuve s’était caché, il voulait échapper aux extraterrestres qui le poursuivaient. Ils souhaitaient pouvoir l’emmener sur Mars, pour faire des expériences. Le gros chien resta terré dans sa cachette quelques jours durant. Il se nourrissait de vers de terre et d’anciennes pommes de terre qui s’étaient enterrées plus bas que terre. Finalement, il décida de sortir de son terrier et arriva au terminus du sous-terrain. Apeuré de tomber nez à nez avec les petits bonhommes verts, il se camoufla dans la haie épaisse et étouffée par les mauvaises herbes. C’est là qu’il put les observer, les martiens allaient et venaient d’un bout à l’autre du grand jardin, ils se déplaçaient par équipes de quatre. Certains faisaient une sorte de ronde de garde tout autour du terrain. D’autres observaient les plants de pommes de terre. Et d’autres se mirent à arracher ces plants. Ils furent stupéfaits lorsque les tubercules apparurent à la racine des plantes. Le chien quant à lui, ne bougeait pas, il était terrorisé par les déplacements de ces petits hommes et il attendit que la nuit tombe, pour sortir de l’ombre. Le jardin était désert, plus un seul extraterrestre à l’horizon et plus un seul plant de pomme de terre. Les intrus les avaient piétinés, arrachés et déchiquetés. Le sol était méconnaissable, pire qu’un champ de bataille. Surement, après avoir constatés leur échec, les envahisseurs ont changés d’idée et ils sont repartit avec les pommes de terre. Ils se sont sans doute demandé l’utilité de ces « pierres jaunes ». Peut être ont-t-ils réussi à faire de la purée une fois sur Mars ? Mélanie  Chauny

*

Atterrée, j’erre en solitaire, mon ère est terminée, la mer s’est retirée.

Les yeux rivés à la terre, je longe les merveilles qui me sont à jamais interdites

Je me ressens termite, je plonge en abîme.

Pour moi, c’est le terminus.

Adieu terre mère

Chantal

*

Je m’éveille péniblement de ce cauchemar où de la terre envahissait ma bouche. J’ai souvent des réminiscences de vies passées.

Ma vie n’est qu’une longue transmutation. Je passe sans cesse d’un état à un autre et je découvre le monde.

J’ai été envoyé sur Gaïa par une entité extra-terrestre, comme un témoin de l’exubérance de ce monde.

Je suis passé par différents états en me transformant en des êtres toujours plus complexes. De simple acide aminé détaché d’une pluie de météorites, je me suis mué en toute sorte de corps en suivant l’évolution de la planète : vers de terre, termite, etc … J’ai débarqué en ce lieu qu’on appelle maintenant la Terre.

J’ai assisté à la naissance de la vie et de ces créatures à deux pattes que sont les humains. J’ai vu la beauté du monde avec Terre-Neuve, la Révolution industrielle avec les terrils, la luxuriance des jardins, les horreurs de Verdun. J’ai connu la poterie qui marque la naissance de l’Humanité. J’ai assisté à  la découverte de l’Amérique et à l’essor de la pomme de terre.

Mais ce monde touche à sa fin. Il s’obscurcit de jour en jour. La pollution du monde et des esprits progresse.

Le terminus est là, prêt à ouvrir une bouche gigantesque pour absorber le Monde.

Cette bouche … c’est Moi.

Alban Chauny

*

Dans un grand champ près du monastère, les moines surnommés Tertous ont planté des pommes de terre. Ils ont un grand territoire, ils cultivent ventre à terre pour trouver des vers de terre. Les terroristes interplanétaires sont aux aguets, cachés derrière le terril ou survolent en hélicoptère. C’est une denrée rare qui se trouve dans le terreau, bien enterrée ; les militaires surveillent, ils ont du caractère. Oh Pater Noster, ils ont réussi à voler la moitié du champ la nuit. Terminus, n’en parlons plus. Liliane  Saint Quentin

*

 

C’est par terre qu’on l’a retrouvé ce solitaire, la terre fumait, c’est le monastère qui n’en finissait pas de brûler. Allongé sur un terre-plein, il n’en finissait pas de se taire, cherchant un abri où se terrer, lieu définitivement banni sur ce territoire. Il y a quelques heures, le supérieur avait déclaré : « Tertous, un terrible et terrifiant drame se prépare, terminez vos pommes de terre, vous n’en aurez peut-être pas de sitôt ! Notre bonne vieille terre est victime d’un drame planétaire ; tout, bientôt, ne sera plus que terre de feu. Son visage prenait, peu à peu, une teinte Terre de Sienne, ses propos décousus évoquaient des terroristes et une nouvelle ère qui succéderait à la nôtre, l’ère tertiaire. Sitôt les ventres pleins, tous avaient décampé, ventre à terre, rasant l’herbe tel des vers de terre, sur un terrain devenu inquiétant et vertigineux. Au loin, on apercevait des terrils de flammes qui se dégonflaient en un instant comme soufflés en terrine. Le terreau, ce bon terreau, qui nourrissait le peuple il y a encore peu de temps, se transformait en catastrophe et criait par toutes ses particules : « Terminus ! » Le solitaire se retrouvait chargé d’une mission. Porteur de l’humanité, en lui se retrouvaient, paternel et maternel mêlés, un espoir qui ne laissait pas la place à la terre d’aujourd’hui. Enterrés les rêves, écrasés tous les chefs, pater militaires ou civils, il était temps de se forger le caractère. Pour commencer, abattre cet hélicoptère qui formait un cratère où, déjà , des coléoptères se multipliaient ! Oui, vraiment, finis les rêves, on passait aux choses sérieuses. Marie

 

 

Leave a comment »

Saint Quentin, Limoges, ensemble !

Petite, je croyais que tout était beau, lumineux, sans cette vilaine annonce, un beau matin ensoleillé. C’était la guerre meurtrière qui se profilait à l’horizon ; aucune connaissance de ce qui nous attendait. Nos amis se sont rassemblés pour nous soutenir. Moi, petite, je voyais toujours la vie en rose. Quand j’ai compris la définition de ce terrible mot je me suis mise à pleurer, toute la beauté de la terre allait être profanée. Quel vilain rôle ont les hommes responsable de tant de tristesse ! Mais en apparence seulement car aujourd’hui le ciel est bleu et les oiseaux chantent. Je sors de mon rêve, j’étais partie dans une mauvaise direction ; comme dit le proverbe, crois ce que tu vois. Vive la vie si belle et pleine de beauté, il faut se battre chaque jour pour gagner le grand combat.

Liliane St Quentin

 

*

Bel ami, vêtu d’une veste rouge, rencontré un soir d’été, sous un arbre après une longue promenade. Mon cœur fit boum en croisant la douceur de son regard. Une joyeuse histoire qui dure depuis plusieurs printemps, emplissant nos vies d’une lumière jaune incandescente.

Amélie Limoges

*

Tao devrait quitter sa famille au printemps de ses 7 ans pour entrer au monastère, là-bas au fond de la deuxième vallée. Les matins de temps calme, lorsque le ciel est bleu azur, et avant que le vent de midi ne se lève, depuis son village, Tao entendait le tintement de la cloche du monastère. Ce son cristallin et pur comme l’air des hautes montagnes l’attirait. Il avait toujours rêvé de porter la robe safran des moines de là-bas. Bien sûr, quitter sa mère et sa fratrie l’inquiétait un peu, mais il savait que dans sa nouvelle vie monacale il ferait d’amicales rencontres. Bien sûr, l’éducation rigide des moines sera parfois difficile à vivre, mais ce sera aussi la grande chance de sa vie pour apprendre à lire, écrire, et surtout élever son âme, avec l’espoir, à l’automne de sa vie, d’avoir été une bonne personne qui aura une prochaine vie encore meilleure. Isabelle limoges

*

De lointaines contrées habitent mes rêves, je vogue vers un château entouré d’eau. Les gens festoient au son de la citole du troubadour. On acclame le roi et ses chevaliers de retour de croisade en Palestine. Cependant certains ont le cœur triste d’avoir perdu un ami, un frère, un mari en chemin. La quête du graal a fait couler le sang et les larmes. Tel est le prix à payer pour le retour de la lumière et de la paix.

Amélie Limoges

*

Si j’étais la lune je me promènerais dans ma belle robe à traîne, entraînant dans ma clarté le clocher tout argenté. Blanche lune vagabonde, ne viens-tu pas dans ta ronde écouter sans les rideaux les doux rêves des berceaux. Le vent du soir qui module la chanson du crépuscule vient charmer son doux regard au déclin du jour vermeil. Les jardiniers te regardent du coin de l’oeil, les marées suivent tes instincts. Que tu es belle là-haut perchée dans le ciel.

Liliane St Quentin

*

J’espère ne pas pleurer en lisant ce que j’ai acheté, même celui-ci me donnera de nouveaux rêves. J’aime rêver en lisant, cela me donne des outils pour avancer dans la vie, et ne pas recommencer toujours la même histoire.

Amélie Limoges

*

L’o ronde comme une orange rebondit de plus en plus haut jusqu’à la fourche des branches du gros pommier en fleurs, lieu de rendez-vous avec la pie pour un bavardage futile et sans fin.

Dans la profonde obscurité violette de la nuit, l’u ulule à la lune alors que le tintement de la cloche du monastère de l’e résonne en écho dans toute la vallée.

Isabelle Limoges

*

Dans un grand champ près du monastère, les moines surnommés Tertous ont planté des pommes de terre. Ils ont un grand territoire, ils cultivent ventre à terre pour trouver des vers de terre. Les terroristes interplanétaires sont aux aguets, cachés derrière le terril ou survolent en hélicoptère. C’est une denrée rare qui se trouve dans le terreau, bien enterrée ; les militaires surveillent, ils ont du caractère. Oh Pater Noster, ils ont réussi à voler la moitié du champ la nuit. Terminus, n’en parlons plus. Liliane  Saint Quentin

*
Tendre le pouce sur l’autoroute, c’est déjà l’aventure ! Certes, elle peut être statique pendant de longues heures. S’estimer heureux encore s’il ne tombe pas des cordes ou s’il ne fait pas un cagnard d’enfer.
Garder le moral, la posture alerte et décontractée. Mais pas trop. Ne pas paraître désabusé.

Garder le pouce haut bien tendu. Mais pas trop. Ne pas sembler rigide ou autoritaire
Garder le sourie, être avenant. Mais pas trop. Ne pas avoir l’air niais.

Et au bout d’un certain temps, parfois proche de l’infini, une auto ralentit, s’arête.
Courir jusqu’à elle, ouvrir la portière, et là…. Commence la grande aventure !
La rencontre, le voyage, la vie.

Isabelle Limoges

*

Fillette aux pieds nus
en pleurs sur le boulevard
appelle sa maman

Isabelle

Leave a comment »

A Chauny, le temps qui passe !

Comme dans toutes les histoires de Petit Chaperon Rouge, le Petit Chaperon Rouge était habillée en … rouge. Rien de bien étonnant, et elle allait voir sa grand-mère, qui était fort malade et lui porter, bla bla bla, bla bla bla comme d’hab. quoi ! Mais là où l’histoire devint plus intéressante, c’est quand le loup arriva… Il arriva … en hélicoptère, il trouva une clairière pour se poser. Clairière dans laquelle le Petit Chaperon Rouge, habillée en rouge, cueillait des fleurs pour qui vous savez. Le loup, affable et très poli, l’aborda en ces termes : « Belle demoiselle, que vous êtes jolie, que vous me semblez belle, sans mentir je n’ai rien vu de tel dans toute la contrée ! Voudriez- vous m’accompagner dans mon giravion sustentatoire, je pourrais vous présenter des gens bien placés, j’ai une boîte de prod. ! » … Et c’est ainsi que la grand-mère de qui vous savez attendit en vain son déjeuner. Hélène

*

Ca fait deux minutes que le train a quitté la gare, et je reste là les bras ballants.

Il est parti, et je reste seule. Le quai est déjà vide. Les familles s’en sont allées.

Je n’ai plus de but. Mon but, c’était Lui ! Mais le reverrais-je ?

Ils avaient promis une guerre courte, mais elle s’éternise. 3 ans déjà … Et le Voici qui part au Front.

Il ne le sait pas, mais une vie germe en moi. Cet enfant aura-t-il un père ? Aura-t-il encore une mère si le malheur s’abat et que je me retrouve dévastée comme notre Pays.

Un train manifeste son arrivée par un sifflement suraigu. Je tangue, je regarde les rails … les roues. Tout pourrait être réglé si rapidement…

Un appel, un cri, un je-ne-sais-quoi me retient au dernier moment. Est-ce la vie qui grandit en moi qui m’a alertée ? Qui m’a suppliée de vivre ?

Rien que pour cette vie qui ne serait pas apparue sans Lui, je me dois de poursuivre mon chemin … Alban



 

Je m’éveille péniblement de ce cauchemar où de la terre envahissait ma bouche. J’ai souvent des réminiscences de vies passées.

Ma vie n’est qu’une longue transmutation. Je passe sans cesse d’un état à un autre et je découvre le monde.

J’ai été envoyé sur Gaïa par une entité extra-terrestre, comme un témoin de l’exubérance de ce monde.

Je suis passé par différents états en me transformant en des êtres toujours plus complexes. De simple acide aminé détaché d’une pluie de météorites, je me suis mué en toute sorte de corps en suivant l’évolution de la planète : vers de terre, termite, etc … J’ai débarqué en ce lieu qu’on appelle maintenant la Terre.

J’ai assisté à la naissance de la vie et de ces créatures à deux pattes que sont les humains. J’ai vu la beauté du monde avec Terre-Neuve, la Révolution industrielle avec les terrils, la luxuriance des jardins, les horreurs de Verdun. J’ai connu la poterie qui marque la naissance de l’Humanité. J’ai assisté à  la découverte de l’Amérique et à l’essor de la pomme de terre.

Mais ce monde touche à sa fin. Il s’obscurcit de jour en jour. La pollution du monde et des esprits progressent.

Le terminus est là, prêt à ouvrir une bouche gigantesque pour absorber le Monde.

Cette bouche … c’est Moi.

Alban

*

 

La fillette était rouge de honte ; vexée d’être envoyée encore une fois au coin. Du sucre barbouillait encore la commissure de ses lèvres. Elle pensait pourtant avoir caché correctement toutes ses friandises. Elles étaient tapies dans le fond de la bibliothèque paternelle dans un coffret verrouillé. Elle entendait ses parents se disputer avec le commerçant. Elle aurait préféré être sourde plutôt que d’entendre l’épicier raconter son méfait.

Sa mère vint la chercher. Enfin, la délivrance …

Non… Ce n’était que pour la conduire vers l’épicier. Sa maman s’empara de son sac pour en extirper son porte-monnaie. Elle le donna à la fillette pour qu’elle paye elle-même  le fruit de son méfait. Elle le fit. La honte l’empêcha de pleurer.

Elle s’éveilla soudain ! Ce n’était qu’un rêve !

Elle se leva, se dirigea pieds nus vers la bibliothèque, vers son coffret.

Mince ! Elle n’avait pas la clef. Elle prit le coupe-papier de son père, s’en fit un outil et ouvrit le coffret.

Ouf ! Tous ses trésors et ses sucreries étaient là.

Dès demain, chez l’épicier, elle pourra recommencer à chaparder !

Alban

*

Cadavre exquis,

autrement dit texte écrit à plusieurs mains

Le soldat scruta les alentours. Il ne vit pas la sentinelle. L’évasion démarrait.

A l’origine, c’est un petit trou dans les barbelés qui lui avait donné l’idée. Il s’était dit qu’il pouvait rejoindre la côte, prendre la mer, ou se cacher dans un jardin exotique. L’important c’était d’arriver au terminus, de reprendre une bouffée d’air frais de liberté telle une cure thermale bien méritée… Juste un parterre entretenu par les codétenus et c’était bon. S’il revenait de ce voyage, il rapporterait une poterie, en souvenir.

Pourrait-il oublier ces années de cauchemar ? Les hommes drôles de créatures à enfermer dans un zoo … logique, non ?

Un bruit sec claqua. Le soldat s’effondra sans un râle … En Homme …

*

A la manière de Jacques Charpentreau

Qu’est-ce qui fait de tour de la Terre ?

*

Qu’est-ce qui fait de tour de la Terre ?

La rumeur qui court plus vite que Trierweiler ;

La jeunesse qui s’enfuit ventre à terre ;

La beauté qui se fane au milieu des parterres ;

La violence qui s’épanouit au sein des guerres ;

La mémoire qui fait défaut à ma grand-mère ;

La tristesse qui rend amer ;

Le soleil intangible qui réchauffe les cœurs sur Terre.

Alban

*

Si j’étais …

.

Si j’étais la pluie,

Je coulerais sur ton visage.

Si j’étais le soleil,

Je brunirais ta peau.

Si j’étais la vie,

Je secouerais une baguette pour t’éveiller.

Si j’étais la mort,

Je t’envelopperais dans ton sommeil.

Alban

.

 

Si j’étais un sablier,

J’accélérerais le temps jusqu’à ton retour ;

Je dilaterais le temps pour rester avec toi ;

J’engorgerais le temps pour l’empêcher de filer.

Alban

Leave a comment »

Dormir, oui, mais pas n’importe où !

Par ordre chronologique ou dans le sens contraire,

en tout sens, 

en commençant par les lieux qui nous ont marqué,

peu importe…

Essayez de faire l’inventaire des lieux et lits

où vous avez dormi.

Vous serez épatés !

***

*

Comme tout le monde, dans la voiture avec mon amoureux… Non ? Pas tout le monde ?

Dans la caravane, quand on partait en vacances à la mer, j’entends encore le bruit de la mer, pas loin.

Dans mon bureau, un jour où je me fâchée avec mon amoureux … un autre !

A l’hôpital, quand j’ai eu mes enfants et puis plus tard, quand il a fallu m’opérer, c’était moins drôle

Elisabeth

*

Dans la voiture, la panne, en pleine nuit ! On est resté là jusqu’au lendemain matin !

Dans une caravane, avec mes parents. Mon père ronflait, je n’aimais pas ça du tout.

Sur la plage avec une bande de copains. On avait fait un feu de bois. Quel souvenir !

Dans le train, debout. C’est ce jour là qu’on m’a volé mon sac …

Didier

*

Le ventre de ma mère, le lit le plus confortable que j’ai pu trouver, bien qu’y étant malgré moi.

Le lit de la pension,  souvenir désagréable avec son odeur de prison.

Le box de la jument, très bon dans la paille et réchauffé par son souffle.

Le lit de mon amoureuse , magique et incomparable à tout autre lieu.

Dominique

*

En équilibre sur deux chaises, devant une cheminée froide, dans une vieille maison.

Le landau aux formes rebondies où l’on me voit avec ma grande soeur et mon grand frère, fiers de me pousser.

Un lit à barreau, dans la même chambre que mes deux soeurs. Lit que l’on me voit astiquer, un chiffon à la main, avec une belle ardeur ; l’air appliqué de la gamine de 5 ans que j’étais.

Virginie

*

Le lit des vacances chez mon oncle André.

Le lit de la rivière asséchée, une certaine nuit d’été et de sécheresse.

Le lit de la pension chez les jésuites, un mauvais souvenir de vacances.

Le lit de mon enfance, avec son matelas fait avec la laine des moutons que j’avais nourris au biberon.

Dominique

*

Le berceau de mon enfance, avec sa plaque d’éternit au fond

Le petit lit où ma mère a couché enfant, chez sa propre mère.

Le lit de ma grand-mère, installé chez nous, lit à rouleau que je partageais avec ma petite soeur.

Le grand lit de ma grande soeur, dans la grande chambre, où j’écoutais le chant de la pluie sur les volets.

Marie

*****

*

Leave a comment »

Marcher sur les soleils, Limoges

Chouette dit le hibou au plumage rayonnant. C’est inné chez moi de vivre en liberté. Mais quel supplice que de devoir torturer ce pauvre asticot. Ma relation intime avec lui est presque naïve et ressemble à une étreinte, pourtant c’est sans pitié qu’il fini dans mon étroit gosier. Christine

Chouette, papa hibou est rayonnant. Pourtant ce n’est pas inné chez lui. Il est plutôt du genre grincheux. Mais aujourd’hui pas de supplice. Je ne serai pas à me torturer dans mon moi intime, toute naïve que je suis, pour trouver comment lui faire une étreinte qui ne soit pas à bras étroits. Christine

*

Des oiseaux qui marchent sur les soleils ?… a-t-on déjà vu ça ? Je ne crois pas… Ils marchent plutôt sur la Terre. Et encore !… peu d’oiseaux marchent réellement. Ils sautillent plutôt, allant d’un point d’intérêt à un autre.

L’enfant qui les observe et les suit pas-à-pas … lui, marche et s’ébouit du spectacle de ces oiseaux qui sont comme des danseurs étoiles sur une scène sans limite et en plein air.

Lorsqu’ils prennent leur envol, ils lui permettent d’imaginer les pays qu’ils parcourent à tire d’ailes et de rêver à de lointains printemps… qui révèlent d’autres paysages, d’autres lumières et couleurs, des arbres aux feuillages qui lui paraitraient étonnants, avec des formes qui lui seraient inhabituelles.

Céline

 *
Marcher, encore marcher.Moi qui depuis toujours ne voyage qu’en esprit, sautant de symboles en symboles, me voici dans une forêt , une vraie, bercée par le chant des oiseaux certes, mais aussi captive de fleurs ancestrales. C’est ce scandale qui a tout déclenché, m’obligeant à abandonner ma vie pour ce pèlerinage forcé. Mes protestations n’ont servi à rien d’autre qu’à attiser le feu. Ces histoires qui ne me semblaient qu’anecdotes dans ma vie de reine m’on rattrapée et projetée dans une aventure que je n’ai pas choisie. J’ai eu de la chance, j’aurais pu me fracasser contre la tôle de l’armure de celui par qui tout est arrivé. J’ai eu de la chance, me voici froissée plutôt qu’anéantie. J’aurais voulu que tout continue comme avant. J’aurais voulu … Marcher, encore marcher. 2cl
*
Te voilà enfin, toi que j’attendais depuis si longtemps. Doucement je te flatte des yeux, je salive en te voyant, j’aime ton minois fondant, ta blancheur infinie. Ce n’est pas une impression cette fois, tu fonds devant moi et en moi, toi, le chocolat blanc.
Dominique
***
*
J’ai sauté dans ma voiture pour passer chercher Christine et
je n’ai pas trop fait crisser les pneus… du coup, elle m’attendait.
Je n’ai plus su trouver le chemin quand les déviations nous ont sauté dessus…
je n’ai jamais eu le sens de l’orientation une fois engagée dans un labyrinthe.
J’ai eu parfois le temps de regarder les panneaux,
j’ai eu souvent besoin de me pencher sur les cartes mais
si j’avais eu un GPS que de petites routes je n’aurais pas empruntées… que de régals pour les yeux auraient été gâchés !
J’aurais encore en mémoire des itinéraires rectilignes(…pas forcément les plus intéressants).
Aurai-je enfin vu de charmants petits coins perdus ?

Céline
 *

J’ai beaucoup mangé de chocolat depuis le jour où je t’ai rencontré.

Je n’ai pas beaucoup dormi mais ce n’est pas de  la faute du chocolat.

Je n’ai plus envie de me cacher entre les portes du placard pour camoufler mes envies de ce jeune et beau carré de chocolat qui a pris ta place à mes côtés.

Je n’ai jamais eu peur des kilos superflus et c’est à bouche grande ouverte que je délecte celui-ci.

J’ai eu parfois tendance à le bouder pour vouloir rester raisonnable mais j’ai très vite succombé à la tentation de le toucher, le sentir et le faire fondre sur ma langue.

J’ai eu souvent l’envie de tout plaquer pour lui mais à quoi bon, le chemin n’est pas fini.

Si j’avais eu plus de temps pour comprendre ce désir sous-jacent,

J’aurais encore et encore plus mangé de chocolat.

Aurai-je enfin ton soutien ?

Christine

*
J’ai envie d’aimer
Je n’ai pas trouvé qui aimer
Je n’ai plus envie de chercher
je n’ai jamais eu l’impression que l’on m’aimait
J’ai eu parfois cependant le sentiment d’être seul
J’ai eu, souvent, le besoin d’aimer
Si j’avais eu du courage
J’aurais encore pu aimer
Aurais-je enfin la possibilité de me libérer ?
Dominique

*

J’ai une perruque, blonde

Je n’ai pas beaucoup de cheveux et même pas du tout

Je n’ai plus d’espoir de repousse, encore que !

Je n’ai jamais eu de cheveux épais, comme mon père

J’ai eu parfois les cheveux longs, mais moches !

J’ai eu souvent les cheveux colorés, pas mieux !

Si j’avais eu les cheveux de ma mère… et pas son caractère,

J’aurais encore quelques poils sur le caillou, et pas gris.

Aurais-je enfin un espoir de repousse ?

Marie

***

*

Je me souviens du souffle du vent sur mes oreilles,

Je me souviens de la caresse du soleil sur mes ailes,

Je me souviens de ma famille au regard attristé quand je suis parti,

Je me souviens de mes yeux larmoyants quand j’ai dit oui

Je me souviens de toutes ces choses que je n’ai pas dites,

Je me souviens de ce cheval au galop qui m’a fait oublié le fardeau de la vie,

Je me souviens

Je me souviens de tout cela mais je ne suis pas triste car je me souviens.

.

Je me souviens des pépites de chocolat sur le gâteau,

Je me souviens comment j’ai rusé grand-mère pour lécher le plat,

Je me souviens encore comment c’était bon,

Merci grand-mère.

.

Je me souviens du sable chaud et des pieds qui me brûlent,

Je me souviens de ce bain dont l’eau caressait ma peau,

Je me souviens de toi,

Je me souviens de moi,

Je me souviens de nous.

.

Je me souviens du rire de mon enfance,

Je me souviens du rire de mamie,

Je me souviens du voisin qui ne riait jamais,

Je me souviens d’avoir quitté le cours pour un fou rire,

Je me souviens du rire du sergent,

Je me souviens et ris toujours.

Christine

***

Je me souviens de cet ovule rond et magnifique.

Je me souviens de ce spermato fléchant qui l’a rejoint.

Je me souviens que de leur union est né un très bon cheval de course.

Je me souviens du sourire de ma mère et de sa gentillesse.

Je me souviens de l’humour froid de ma grand-mère.

Je me souviens du jour où je t’ai rencontrée, quel jour magique !

Je me souviens qu’un jour le soleil a rendez-vous avec la lune.

Dominique

*

Je me souviens d’une abeille qui se prenait pour une reine. Déchue, elle a finit dans une une bouteille.

Je me souviens d’un merle, trônant sur un portique. Il chassait un intrus qui sans cesse revenait. Tout à coup, lassé de ce petit jeu, il s’en détourna et laissa sa place, simplement.

Je me souviens d’une gomme, si timide qu’elle s’effaçait d’elle même. Un jour elle disparut.

Je me souviens d’un réveil, sans cesse endormi et de plus, fâché avec les mathématiques. Impossible de compter sur lui.

Je me souviens d’un stylo, rebelle à toute étreinte, il a fini au chômage.

Marie

***

*

C’était autant de choses que je voulais oublier que de choses que je voulais revivre. Pourtant loin de moi l’envie de ne pas être. Je suis, donc je rabote ce qui ne me plaît pas et ainsi je retrouve l’image de la beauté, celle que je suis, ai toujours été et serai toujours. Merci la vie, merci pour cela, me transporter de joie et de bonheur, m’enivrer de vérité.Que je suis comblée. Pourtant parfois revient au moment propice l’insidieux tourment qui me gâche la journée. Alors, forte de mes petits bras, je le repousse hors de moi et dans un silence respectueux remercie cette force qui m’apporte le courage de l’affronter, l’effronté. Aujourd’hui c’est dimanche et tiens il n’est pas venu. Mon impatience est grande de le rencontrer de nouveau car j’ai trouvé tant de choses à lui dire pour qu’enfin il me fiche la paix. Je l’aime et ça il ne s’y attend pas. Son ambition n’est pas un amour naissant mais une destruction à petit feu. Il va devoir alors prouver ses dires. Pour moi, rien de mieux que l’amour et lui, si terrible, que va-t-il décider ? Abandonner. Ouhaaaa, trop fort, j’ai gagné. Mais attention, pas de vanité entre nous, cela serait gâcher le plaisir. Je suis. De tout mon être, et c’est fini.

Christine

*

C’était au temps où j’aimais faire du vélo. Je partais de longues heures, loin, pour faire mes courses. C’était parfait pour raboter mes kilos en trop. Pour me transporter d’un point à un autre, je n’avais rien trouvé de mieux. La période était propice aux économies d’énergie et le silence était parfait. Parfois, j’étais impatiente d’arriver plus vite, mon ambition était même de battre des records, mais pour prouver quoi ? Tu es terrible me disait ma grand-mère, cette vanité qui t’habite, il serait grand temps de t’en débarasser. Aujourd’hui, je roule en auto et je ne me pose plus toutes ces questions.

Geneviève  « Devoirs de vacances »

*

C’était au temps où rien ne se passait comme on l’espérait. Un temps où il suffisait de regarder au loin pour y être, un temps où il suffisait de penser été pour qu’il fasse chaud, un temps où les rêves n’étaient pas rabotés par une vie étriquée. Ce temps a disparu, on se demande encore pourquoi, personne n’a compris ce qui s’était passé. Il faudrait savoir se transporter par cette magie qui alors sévissait, il faudrait savoir revenir en arrière, au moment propice, sans hésitation, sans tergiversation. Mais voilà que, trop tard, personne n’y arrive plus, nous avons perdu cette qualité de silence qui laissait agir le temps, qui lâchait la bride au temps et à ses dérivés, la naissance, la mort et tous ses bâtards. L’impatience, qui en est un des pires, jalonne notre vie jusqu’à la rendre impropre à la consommation, nous nous éjectons de nos propres vies par l’ambition saugrenue de mieux la vivre. Il nous faut prouver, prouver encore et encore, et le temps s’emmêle et noie notre capacité à vivre. C’est terrible de penser qu’il est un savoir que nous avons perdu, dans cette vanité du quotidien qui nous pousse à avoir plutôt qu’à être, un savoir venu non pas d’un passé lointain mais surgit d’un temps qui s’impose alors qu’il n’existe pas. Marie

Leave a comment »

Récréations

Des ingrédients bien choisis pour des mélanges inattendus !

***

*

J’attends l’été. Entretemps je fais du vélo.

J’attends le sifflement de la cocotte-minute. Entretemps, le mur s’effondre.

J’attends le facteur. Entretemps la pluie inonde la place.

J’attends mon tour. Entretemps les poissons nagent vers la mer.

J’attends l’arrivée du train. Entretemps la lune éclaire le pavé.

J’attends le lever du soleil. Entretemps ils jouent aux échecs.

 *

J’attends que le soleil se couche. Entre-temps l’horloge tourne

J’attends mes amis à la gare. Entre-temps les enfants s’amusent

J’attends la fin du film. Entre-temps le bonhomme de neige fond

J’attends les vacances avec impatience. Entre-temps le gâteau cuit

J’attends la livraison de mon colis. Entre-temps j’ai fini d’apprendre mon texte

J’attends le taxi pour aller au musée. Entre-temps je plante des jacinthes.

Ch.L et Corinne

 

***

*

Si j’avais su que c’était aussi compliqué d’écrire pour ne pas forcément vouloir dire quelque chose…

Si j’avais su que cela me demande autant d’efforts…

Si j’avais su que la route était si longue …

Si j’avais su que cela se finisse aussi bien …

Véronique , Bourg en Bresse

 
*
Si j’avais su qu’il serait en avance  je serais arrivée juste à l’heure.
Si j’avais su qu’il était si radin, j’aurais pris une menthe à l’eau.
Si j’avais su qu’il était si bavard, j’aurais mis mes boules Quiès.
Si j’avais su qu’il était si moche, je n’aurais pas passé deux heures devant mon miroir.
Si j’avais su qu’il était si con, je n’aurais pas répondu à l’annonce.
Virginie

*

Si j’avais su, je me serais habillée autrement.

Si j’avais su, je serais allée me promener.

Si j’avais su, j’aurais cuisiné autre chose.

Si j’avais su, j’aurais consulté ma montre.

Si j’avais su, je serais venue avant à l’atelier d’écriture.

Claudine 

*

Si j’avais que le temps passerait si vite,  j’aurais appris à dire merci.

Si j’avais su que je ne pourrais pas recommencer, je me serais davantage appliquée.

Si j’avais su qu’à tout âge on peut apprendre, je n’aurais pas gaspillé mon temps.

Si j’avais su que mes enfants ne feraient pas mieux, j’aurais fait autrement avec eux.

Françoise

*

Si  j’avais su, j’aurais appris à tricoter les mots.

Si j’avais su, je me serais acheté un manteau pour l’hiver prochain, les oignons ont multiplié leurs pelures.

Si j’avais su. Mais je ne savais pas alors à quoi bon !

Marie

 

Leave a comment »

Méandres imprévisibles.

.

La vie est comme une pomme ou comme une crème pâtissière de différentes saveurs et odeurs. Nous sommes comme des couples de cigognes dont l’esprit serait tiraillé. Un rêve bizarre dont aucune princesse ni prince ne saurait nous réveiller. La vie est-elle une énorme blague ? En tout cas elle n’est pas toujours drôle, loin de là ! Claudine 

*

Osez la différence, tous dans le même esprit.

La vie est aussi une fête et chaque instant vaut de l’or.

Chaque moment, chaque occasion, en famille ou entre amis, est précieux.

Un festival de couleurs à célébrer.

La motivation est comme la couleur, pas toujours au vert ni au rose non plus.

Un indien m’a déjà dit :  » héya kécha okinoa « .

Traduction :  » on ne vit qu’une fois « .  Céline

*

En allant au théâtre, sur le bord du chemin, les pissenlits étaient tellement lumineux que j’ai demandé au jardinier quelques pommes de terre afin de pouvoir préparer dans mon foyer un plat délicieux et chouette en couleur. Allons donc faire la fête aux Restos du Coeur  plutôt que d’aller au théâtre. Il faut oser la différence ! Véronique 

 

*

Rêver, encore et toujours, s’arrêter l’espoir est là.

Ne plus se perdre dans la vitesse du temps qui s’échappe.

Ch. L.

*

Une forêt enchantée, voilà de quoi je rêve. Pour me perdre dans ses tours et détours, pour oublier qui je suis et entendre enfin les vraies paroles et les vrais mots, ceux que j’ai oubliés dans cette vie qui n’a eu besoin, pour être maudite, d’aucun enchanteur. Marie

*

C’est en 1990 en voulant découvrir la forêt de Brocéliande et ses légendes, grâce à l’enchanteur. Je me laisse aller au pires pitreries et mon imaginaire m’emmène enfin vers une bonne table et un gîte douillet, je peux enfin rêver. Véronique

*

Merveilleux, enfin je suis un oiseau.

Je peux voler, je sais voler.

Au-dessus du bocage, patchwork de couleur.

Monter tout là-haut, m’approcher du soleil, ivre de lumière,

seule au monde, liberté retrouvée.

Les loopings n’ont plus de secrets pour moi, arabesques de Matisse.

Inlassablement je vole encore et toujours

je m’étourdis de bleu ! Ch.L

*

Osez la différence

On peut supposer que la différence porte aussi sur le moral, l’intelligence, la maladie, la vieillesse, l’homosexualité et l’idiotie.

À moins que l’idiotie ne soit pas une différence mais une anomalie humanoïde-martienne.

Ou bien alors… Ben je ne sais pas.

Bien entendu on peut également envisager que la différence naît de l’indifférence.

Mais il apparaît plus probable que le monde change, du coup, faut s’adapter. Céline

*

A la fête de printemps, un couple de cigognes s’est posé sur un camion. Quel vent ! Ces pauvres bêtes ont eu le vertige. Elles sont allées se réfugier dans mon grenier. Sur le sol était posée une coupe de crème au chocolat, elles se sont bien régalé, croyez-moi!  Claudine

*

 

L’épouvantail à deux têtes se rêvait demi-dieu, s’envolait, suivait les hirondelles.

Mais le stylo de l’écrivain le ramenait à la dure réalité,

au champ de maïs où le fermier sur son tracteur s’activait.

L’épouvantail soufflait, transpirait dans sa chemise de grand-père.

Parfois une tortue s’approchait , le distrayant de la monotonie des jours.

« Attention tortue ! Le tracteur!

C’est trop bête! Tu ressembles à une crêpe! »

Ch.L

*

Deux hommes enfermés dans cette maison aussi vide que leur esprit. Deux hommes blessés ! Blessés par cette vie si injuste. Cela fait une semaine qu’on nous a enfermés volontairement pour ne ressortir que le jour où tout sera fini …  Céline 

*

Il était une fois, au fin fond de la forêt de Brocéliande, une cabane qu’utilisaient les chasseurs pour se retrouver le soir. C’est seulement au bout d’une semaine, le journal datant de la semaine précédente en est témoin, que l’on a retrouvé deux hommes que leurs compagnons de chasse avaient abandonnés après une soirée trop arrosée… Ils avaient soigneusement fermé à clef la porte en se disant qu’ils reviendraient plus tard chercher le gibier… Seule la chaleur de l’halogène avait permis à nos deux compères de survivre, malgré la blessure au bras de l’un d’eux. Véronique

*

 » _  De la brioche, ça va être de la brioche.

_  Du gâteau ! Ca va être du gâteau !

_  Quoi ?

_  Du gâteau, on dit du gâteau, pas de la brioche ! Et puis détrompe-toi, ça ne sera pas si facile que ça de la poser cette bombe… Et même si c’est facile, dis-toi bien qu’il ne te restera aucun avenir… Ca ne te donne pas le vertige à toi ?

_  Je m’en fous, il y a longtemps que j’ai perdu mon coeur et tout ce qui va avec. Il a dû repartir avec les cigognes qui m’ont jeté dans la baraque pourrie de mes vieux il y a 24 ans.

_  Garde la pour toi ta philosophie à deux balles ! Tu regardes trop la télé ou t’es trop souvent sur facebook ! … Et fais gaffe,  remets ta perruque en place, on va te reconnaître…

Attention, t’arrives en sens interdit !!

Freine pas si fort, la bombe se détache, tu l’as pas bien arrimée ! …

Attention, le camion du laitier !!!!    Aie….

Boum !!!!!

Marie

*

Leave a comment »

Voyages, dans l’espace et le temps

 

Le grand-père installe l’épouvantail au jardin, un voile de crêpe noir sur la tête, une bouteille vide à la main. Tous les animaux du jardin défilent alors en cortège pour l’admirer. Le lapin et le canard se disputent la place de chef, la tortue essayant en vain de les rattraper.

Corinne

*

Je suis né il y a longtemps ; taillé dans un bois solide, je peux supporter plusieurs vêtements à la fois. En dessous de moi, j’ai même un crochet pour mettre une cravate, une robe à bretelles ou même un gros sac très lourd. Eh oui ! Qu’est-ce que vous croyez ? Je suis solide, moi, Monsieur. Dommage que j’ai passé une grande partie de ma vie dans des armoires noires et sans lumières. On me sortait juste pour prendre leurs somptueuses robes ou même n’importe quel vêtement. Dommage n’est-ce pas ? Un aussi bel objet comme moi mérite pourtant d’être regardé, admiré par toutes ces duchesses, comtes et comtesses. Même pas une petite flatterie ici et là. Céline

 

*

Je suis né début 1900. J’ai été fabriqué en Thiérache avec de l’osier. Un homme m’a taillé après m’avoir fait tremper dans l’eau pour me rendre moins dur. Puis il m’a tressé. Depuis, je sers à présenter les fromages de ma région.

Claudine

*

Mes grands-parents avaient acheté une ancienne ferme à la campagne, dans l’Allier et tous les étés mes parents nous y emmenaient, mon frère et moi, passer les vacances. C’était un endroit idyllique pour des enfants, avec un très grand terrain clôturé, donc sans danger de s’éloigner. Il y avait plusieurs coins dans ce jardin, une zone de potager où on pouvait cueillir du persil, récolter des tomates ou des radis par exemple. Une zone avec des arbres fruitiers, à nous les belles cerises bien rouges ! Un espace plutôt boisé et entouré de haies où on allait se cacher pour jouer. Un grand bassin rempli d’eau nous invitait à patauger et à faire glisser des morceaux de bois figurant des navires. Il y avait aussi un hangar où on faisait de la balançoire. Un petit paradis ! Corinne

*

Une ville, plutôt un village où je suis née et où je suis restée jusqu’à mon mariage, c’est à dire à vingt-quatre ans. Village où il y avait toute la famille : grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines, copines d’école, voisins, voisines. Beaucoup de partage, tous les évènements de la vie joyeux ou tristes. C’est dans ton église que j’ai été baptisée, que j’ai fait ma communion, mon mariage, décès de mes parents. C’est là qu’habitait encore ma soeur et sa famille et régulièrement nous allions y passer le week-end. Pour moi, tu es le plus bel endroit. Maintenant ce sont des souvenirs, des photos et grâce à ma nièce qui est toujours chez toi, j’apprends les nouvelles. Depuis plusieurs années nous n’allons plus te voir. Tu n’as pas changé et je garde de bons souvenirs de toi.

Raymonde

*

Bonjour mon village d’adoption, merci de m’avoir accueilli lorsque j’ai débuté ma vie professionnelle, tu as permis mon épanouissement et tu m’as aidé à assouvir ma passion car chez toi, il y avait beaucoup plus de chevaux que d’hommes.

Tu as pu me voir dans mes moments de peine et de bonheur qui ont tous été très forts. Au printemps, tu resplendissais à la floraison des pommiers et à l’automne tu embaumais l’environnement avec cette odeur de cidre et de calva.

J’espère que tu ne m’en veux pas de t’avoir laissé tomber pour revenir vers ma terre natale mais j’ai mes raisons et tu les connais.

Je te dis : à l’occasion, un jour, nous reviendrons te dire un p’tit bonjour ; je dis nous car nous serons deux.

Dominique

*

Bonjour à toi ma ville. Aujourd’hui tu es chaude comme je voudrais La Picardie. Au prochain été caniculaire tu seras fraîche pour reposer mon corps fatigué. Il m’arrive parfois d’arpenter les bois qui te bordent, quand me prend l’envie de me retirer. Dès que le besoin s’en fait sentir, je me plonge dans tes ruelles chaleureuses et accueillantes. En un clin d’oeil je passe de ton centre à ta périphérie, au gré de mes besoins et de mes délires. Je rencontre toujours, au détour d’une rue ou d’une allée ombragée un ami à qui parler, un café où déguster ce qui me fait envie. Je suis heureuse de t’avoir posée sur ce papier, ma ville imaginaire, au caprice de mon crayon. De jour en jour, tu pourras grandir. Virginie

*

Le SDF traîne ses guêtres sous le pont. Il est beau comme un pou.

Corinne

*

Tu ne me vois pas dans le miroir en bois d’ébène ; cachée parmi les cintres qui se recentrent dans le fond de l’armoire, je me fais toute petite parmi les piquets en bois et les tiques, égarés là, on ne sait pourquoi ! Pour ne pas me perdre, on m’a collé une étiquette sur la gosette. Celle-là, ce sera… une emmerdeuse ! Ok je serai, puisqu’à me mettre dans ce casier on m’a collé obligation. Ni Dieu ni maître, plus de mesure, je prends ma petite pelle et je creuse mon mal de gorge à travers les barreaux de ma boîte à trésors. J’adopte sans hésiter mon regard hautain ; puisque tu as voulu que je sois celle-là, je serai, telle Robin, du bois dont on fait celle que tu crois. Sel perdu pour la peine, c’est en atteignant le 138, vers onze douze ans, que j’attaquais le bois qui mène à la métamorphose. Depuis, j’erre dans le bas de l’armoire, jouant aux dominos, à pile ou face, sans décider, pour jouer la deuxième partie, si je serai d’ébène ou d’élastique. A quand la manche ? Marie

 

Leave a comment »

Liesse, Les Jardins du monde

« Les Jardins du Monde » est une maison de retraite, à Liesse,

où nous avons tricoté souvenirs et poésie de toutes les couleurs…

****

*

Les couleurs des Jardins du Monde s’écrivent … 

*

A l’encre blanche, 

Les marguerites, les perce-neige, l’aubépine et le muguet,

les crayons à ardoise et aussi la porcelaine de l’encrier.

En 44, à  la libération, on habitait Montcornet, il y avait des américains dans la rue, on était une bande de jeunes, on les a attaqués à coups de boules de neige. C’est nous qui avons gagné ! On se défendait bien ! C’est qu’on est teigneux quand on est jeune. J’avais quoi ? Quatorze ans ! Monique

Je me souviens d’un hiver très rude, pendant la guerre, de la pénurie d’eau et de la neige que l’on doit faire fondre sur la cuisinière pour donner à boire aux chevaux, aux vaches. Sinon, plus de lait ! Jeanine.

J’allais travailler en vélo à la bonneterie,  je partais très tôt. Un matin, vers cinq heures, le noir total, je ne savais plus du tout où j’étais, complètement perdue. Je me suis pratiquement mise à plat ventre pour  trouver mon chemin. Antoinette

Malgré la dureté de l’hiver et la guerre, on se laissait vivre quand même. Le dimanche, de St Erme, on allait jusque Sissonne à pied pour faire du théâtre et chanter. Cinq kilomètres de routes d’une neige tassée par les camions allemands. Je me souviens de “Ma chère maison”, c’était Jeanine que la chantait le mieux. Anne-Marie B

A l’époque, pas d’anorak ni de bottes. A la campagne, des chaussons dans les sabots et des bas de coton, à la ville c’était plutôt les galoches.

*

A l’encre rose  

Les buvards de toutes les couleurs, les roses, les blancs, avec les réclames.

Mais attention au pâté avec la plume ! Un point de moins, quelle histoire !

Ou la page arrachée et attachée dans le dos, jusqu’au soir !

Et dans les cas plus graves, sur la tête, le bonnet d’âne !

Tous les ans, ma marraine m’envoyait un beau tissu ! Cette année là, maman m’avait fait faire une robe du dimanche par une couturière. “Tu ne te plaindras plus, maintenant t’en as deux !”. J’avais deux robes du dimanche ! Un luxe ! Elle était blanche avec des fleurettes rouges et bleues, on aurait dit qu’elles étaient brodées. Anne-Marie

Pour ne pas l’abîmer, on mettait le tablier, avec des poches, en coton. Lavé, repassé, on l’entretenait avec soin.  Les enfants mettent leurs petits trésors dans les poches. Mes enfants aiment beaucoup les tabliers. Colette

*

A l’encre or

 “Mignonne, quand le soir descendra sur la terre”. La chanson des blés d’or.

Approchés délicatement du cou, “t’aimes le beurre ?”… Les boutons d’or.

Ma soeur Georgette et moi pouvions choisir une activité, elle a choisi la couture, j’ai choisi le piano, j’avais huit ans. Pourquoi le piano ? Je ne sais pas. J’avais une copine qui jouait du violon, je trouvais ça beaucoup trop compliqué. A la fin de l’année de mes quinze ans, à la distribution des prix, j’ai joué Mozart. J’ai donné mon piano à mon arrière petite nièce. 

A la maison, on avait un gramophone. On l’écoutait quand on avait des invités. Paule

Tous les dimanches, on les passait ensemble, on était une dizaine. On jouait à la balle au camp, dans les bois de St Erme. Anne-Marie B

Je ne savais jamais attraper la balle ! Jeanine

Les garçons n’avaient pas droit au ballon s’ils n’étaient pas venus aux complies !  Anne-Marie B

On faisait des sorties dans les villages, on dansait, habillées en espagnoles ou en égyptiennes. Parfois, tous les groupes se retrouvaient pour ces danses folkloriques. Quel souvenir le grand rassemblement de Reims ! Antoinette

*

A l’encre verte

La Saint Jean. La nature qui démarre de tous côtés.

Les premières fenaisons. Pour les bêtes, l’herbe coupée.

Je travaillais dans de bonnes maisons. Ma première place, à Reims, c’était chez un capitaine, il avait deux petites-filles. On me montre ma chambre, deux lits. Je demande pour qui est le deuxième : “Pour l’ordonnance” ! J’ai repris le train tout de suite. Pas question de partager ma chambre avec un homme ! Revenue à la maison, je n’ai rien dit à maman, j’ai attendu que papa soit là pour m’expliquer. Il m’a dit que j’avais eu raison. Hélène

Quand ma grand-mère a vu la première voiture à Montcornet, l’auto du docteur, son père ne l’a pas cru. “Allons, la mère, une voiture qui avance toute seule, c’est impossible !” Monique 

Il y avait 3 autos dans mon village, aujourd’hui il y en a 3 par maison. Anne-Marie

J’ai l’impression que les jeunes ne voudraient pas le croire. Jeanine

Les voitures n’avaient pas de vitre, c’était du mica. Paule

*

A l’encre brune 

La terre quand les récoltes sont finies, quand elle est prête à recommencer.

 Les pommes de terre à la pelure, dans les cendres, à savourer.

Les châtaignes, les noix. Les jours de grand ménage.

La suie dans les maisons le jour du ramonage.

Pendant la dernière guerre, un dimanche matin, le curé s’est mis devant l’église et nous a empêché d’entrer.  “Mes frères, la force prime le droit”. Les allemands voulaient dire leur messe dans l’église, on a dû repartir chez soi. 

Pendant la guerre, plus de peur que de mauvais souvenirs.

En 14, on les voyait comme des ennemis à éliminer. En 40, on commençait à se dire que ce sont des gens comme nous. Jeanine

Pour aller chez le dentiste, il fallait passer la ligne de démarcation. Pour cela ou d’autre demandes, les allemands nous donnaient facilement un laisser-passer. Anne-Marie B

*

A l’encre noire 

 Le brugnon, le raisin et la prune. La forêt noire, c’est beau.., et à manger !

Les tartelettes aux myrtilles, les mûres… Le café du matin, un bon café noir.

Sans oublier les pleins et les déliés des plumes sur les cahiers.

C’est élégant, le noir.

On était tout le temps en noir. On portait le deuil pendant deux ans. Si un autre deuil survenait avant la fin des deux ans on continuait… Résultat, on était toujours en deuil.

Ma mère, jeune mariée, était habillée en noir, comme une grand-mère. C’était la mode. Paule

Pour aller travailler, je devais passer devant la Kommandantur. J’avais beau avoir des papiers en règle, j’y passais sur la pointe des pieds. Un jour, un coup de sifflet, c’était pour moi ! Je me suis retrouvée toute tremblante dans le bureau. Il m’a laissée repartir. Antoinette

*

A l’encre bleue  

Les bleuets dans les champs et les jardins, le ciel bleu d’aujourd’hui,

Les hortensias, le myosotis.

Au chemin des dames, à perte de vue, les champs de lin bleu.

Souvent, à la remontée du puits, il y avait des souris dans l’eau. On jetait la souris et on faisait la soupe avec cette eau là. Anne-Marie

Si la souris n’était pas crevée c’est que l’eau était bonne ! Jeanine 

Gamine, j’ai toujours beaucoup aimé l’eau ! Si j’étais pas à la rivière, j’étais au lavoir. C’était beau les draps qu’on rinçait. Enfant, on était carrément dans l’eau du lavoir pendant la lessive. On aidait à tordre. On passait d’un bac à l’autre, on mélangeait l’eau propre et l’eau de rinçage ! Autour de nous ça jactait, ça bavardait. J’ai pleuré quand j’ai appris que le lavoir fermait. J’avais neuf, dix ans. Roselyne

***

*

Propos recueillis et mis en forme dans l’Atelier Expression 

par Marie, des “Plumes de l’Aisne”

https://plumesdelaisne.wordpress.com

Leave a comment »